Question:
Deficit public?
JB
2006-07-20 16:50:05 UTC
Je n'ai jamais compris pourquoi les hommes politiques se felicitaient d'arriver a tel ou tel deficit public en fin d'annee alors que le principe meme de finir en deficit me parait aberrant. Un budget annuel est toujours elabore avec un solde deficitaire.Le deficit agrave la dette qui genere donc des interets supplementaires donc du deficit a perimetre comparable.
C'est de la mauvaise gestion non? On court a la faillite de l'Etat avec un tel systeme. Sarkozy dit que le seul moyen de s'en sortir est de generer de la croissance mais je ne vois pas bien le rapport. Si le budget est deficitaire, la croissance n'y changera rien, quelques rentrees d'impots supplementaires au mieux. Y a-t-il quelqu'un pour m'eclairer?
Huit réponses:
2006-07-21 01:31:01 UTC
Bonjour,



Tout d'abord, merci pour ta question. Je souhaiterais apporter le point de vue d'un économiste, en étant aussi scientifique que possible et en évitant de faire de la politique.



Pour commencer, ton constat est correct: il n'y a aucune raison de se féliciter d'avoir un déficit budgétaire, en particulier en période de croissance. Pourquoi? Les politiques économiques sont censées être contra-cycliques; en d'autres termes, quand ça va bien, on tente de freiner légèrement l'économie (afin d'éviter la "surchauffe" et l'inflation) et quand ça va mal, on tente de relancer l'économie en stimulant la demande (consommation, investissement, exportations). Un des moyens de freiner l'économie en période d'expansion est notamment d'accroître l'épargne (car cela constitue une "fuite" dans le circuit économique), ce qui implique entre autres de générer des excédents budgétaires. A l'opposé, on peut utiliser le déficit comme outil de relance en période de ralentissement. De plus, ce déficit se creuse naturellement quand ça va mal car les prestations sociales (notamment les allocations chômage) augmentent.



Voilà pour la théorie. Maintenant, la question est donc: pourquoi ne dégage-t-on pas d'excédents en période de croissance? Je vois notamment 3 éléments à cela, un d'ordre historique et les 2 autres relevant de ce que tu appelles de la "mauvaise gestion".



- Un peu d'histoire: le budget de l'Etat était à peu près équilibré jusqu'au début des années 1980 et la dette publique était très faible. Sans vouloir faire de la politique partisane, la politique menée en 1981-1982 était tout simplement suicidaire et nous en payons les conséquences encore aujourd'hui, notamment en ce qui concerne la dette publique. A ce sujet, je te conseillerais d'ailleurs de lire l'excellent bouquin de Michel Rocard (Si la gauche savait), qui décrit très bien cette période et les erreurs qui ont été commises. Les nationalisations nous ont notamment coûté très cher car les entreprises ont été achetés bien au dessus de leur prix, pour être revendues bien en deça du prix d'achat quelques années plus tard (1986 puis 1993). Nous parlons ici de milliards de francs partis en fumée pour pas grand chose finalement.



- Ceci dit, la politique de l'époque n'explique pas toutes les difficultés actuelles. Les hommes politiques sont en fait victimes de ce que l'on appelle un effet de cliquet, ou, si vous préférez, d'une rigidité à la baisse des dépenses publiques. Une fois qu'un avantage a été accordé, il est extrêmement difficile de revenir en arrière car les syndicats et autres corporations bloquent toutes les réformes en ce sens et, au contraire, en demandent toujours plus (ce qui, rappelons-le, est leur rôle). Les fameux "acquis sociaux" semblent être gravés dans le marbre et il est quasiment impossible d'y toucher. Ce phénomène n'est pas propre à la France et il n'est pas du tout question ici de remettre en cause le système social français. La pression à la dépense publique est un phénomène qui a été observé un peu partout dans le monde, y compris dans des pays où l'Etat est peu présent (Etats-Unis, Royaume Uni notamment). La population a simplement beaucoup de mal à admettre que l'on introduise le souci d'efficacité lorsque l'Etat effectue une dépense.

Un exemple, pour illustrer cette pression à la dépense: l'histoire de la fameuse "cagnotte" de Jospin, en 2000 si j'ai bonne mémoire. Souvenez-vous, ils s'étaient aperçus qu'ils avaient une cagnotte de 35 milliards de francs environ et ils se demandaient ce qu'ils allaient en faire. Cette fameuse cagnotte n'était absolument pas un excédent budgétaire comme on a voulu le faire croire, c'était juste un déficit moins important que prévu. En-a-t-on profité pour rembourser une partie de la dette publique? Pas du tout, au contraire, on a accru les dépenses courantes! De la même manière, il existe aussi une pression à la baisse de la fiscalité, ce qui a conduit Chirac à faire cette promesse absurde (et impossible à tenir) de baisser les impôts de 20%.



- Enfin, l'Etat continue à dépenser et à creuser des déficits car sa gestion des fonds publics n'est tout simplement pas contrôlée. Je ne suis pas en train de parler de contrôles institutionnels tels que le rapport de la Cour de Comptes que personne ne lit de toute façon. Je parle du fait qu'un bon citoyen est aussi et surtout un citoyen qui s'intéresse à la chose publique (ne serait-ce que parce que c'est son argent); qui, aujourd'hui en France, s'intéresse à la façon dont les fonds publics sont gérés et dépensés? Personne, à part quelques groupements locaux au niveau des communes ou des départements lorsque des projets sont menés. Je pense qu'il est aussi de notre devoir de demander des comptes à l'Etat sur la façon dont il dépense nos impôts et dont il assure la pérennité et la soutenabilité du budget.





Pour terminer, un mot sur le lien entre croissance et solde budgétaire. Contrairement à l'argument que tu avances, la croissance n'engendre pas uniquement "quelques rentrées d'impôts supplémentaires". Les recettes publiques dépendent très fortement de la conjoncture économique, ne serait-ce que parce qu'elles sont déterminées comme étant un pourcentage de celle-ci. La TVA, l'impôts sur le revenu, pour ne citer que ces deux là sont fonctions de l'activité économique et même de faibles variations du niveau de cette activité se traduisent très vite par des variations en milliards d'euros des recettes publiques. De plus, en période de forte croissance, les prestations sociales ont tendance à baisser (moins de chômage, moins de RMIstes, du moins a priori) donc le déficit devrait se réduire naturellement pendant ces périodes. Ce n'est malheureusement pas le cas, pour toutes les raisons que j'ai évoquées ci-dessus.



Voilà, j'espère avoir été clair. Désolé si c'est trop long, il est difficile d'expliquer de tels mécanismes en 10 lignes.
lolo
2006-07-21 00:07:05 UTC
Entièrement d'accord avec toi.

Ils (quelque soit le parti au pouvoir) se félicitent d'un budget ETERNELLEMENT en déficit, ils se félicitent de rejeter sur les générations futures (vos enfants !) des sommes absolument collosalles à rembourser (plus de 100 000 euros par personnes en france, si mes informations sont exactes).

On peut jouer sur l'endettement pour des projet nécéssitant de gros investissement, on ne peux se satisfaire de mettre la France en situation difficile, voir en banqueroute...

Ils ont tous fait l'Ena (pour la plupart), ils sont nombreux à avoir une valise de diplôme, mais ce ne sont pas de bons gestionnaires.

[aparté] De toute façon, ce qui les intéresse, j'ai l'impression que c'est le poste, la place, laisser leur nom dans l'histoire (???), éventuellement la gestion de leur ministère pendant 5 ans, après la France, je me demande s'il en ont réellement quelquechose à faire. Regardez le nombre de candidats déclarés à la présidentielle : on atteint des records ! Des monstres d'ambition personnelle et d'égocentrisme[fin de l'aparté]

La seule solution, c'est, comme tout bon "père (ou mère) de famille", de se serrer la ceinture ! Quand à la fin du mois t'as plus rien, ben, tu dépenses plus. Et tu fait des choix, parfois douloureux. L'état, au nom de je ne sais quelle légitimité, c'est "no limit". Il y a une dette (un gouffre), et on continue : pas grave, ne nous soucions pas de qui va devoir payer un jour, je ne serais plus au pouvoir... C'est totalement aberrant comme gestion.

D'autres états ont réussi à faire des changements radicaux (Canada), au prix de réformes douloureuses (baisse du nombre de fonctionnaire par exemple). Mais cela a été expliqué, accepté et compris par la population, comme une nécessité pour le futur.

En France, on nous prend pour des bobets, on ne sait pas compter, on n'a aucune idée de ce qu'est un budget, on nous infantilise. Tout va très bien, ne vous inquiétez pas... C'est aussi pour cela je pense que de moins en moins de personnes s'intéressent à la politique. Des hommes potitiques rongés par leurs ambitions personnelles, un discours de non responsabilisation : on nous prend pour des cons.

Pour résumer, si ça va mal, s'il y a du déficit, il faut trancher : ça va faire mal pendant un certain temps, mais c'est avec un objectif de guérison. (C'est comme pour un gangrène : on coupe le membre en cause en espérant que l'ensemble du corps aille mieux ensuite).

Et générer de la croissance, c'est surconsommer, c'est surpolluer, c'est tout ce qu'il ne faut pas pour notre planète...

Mais je n'ai pas fait l'Ena... Ce n'est que mon avis...
Groloulou
2006-07-20 17:39:47 UTC
Ils se félicitent (et non pas ils sont félicités) : c'est normal, les élections approchent.



Je pense qu'on est dans un problème insoluble : comment équilibrer le budget sauf à agir sur les recettes / dépenses avec des contraintes politiques.



En temps normal, en tant que contribuable, accepterais-tu demain une hausse de 10%, 20% ou 40% de ton imposition pour couvrir les nombreuses dépenses de l'état ? Je ne le pense pas. Pas plus que tu n'accepterais d'augmenter le taux des cotisations sociales prélevées sur ton salaire de 10, 20 ou 50%.

Même si on te disait qu'il suffirait alors de 10 ans pour résoudre le problème (d'ailleurs, c'est pas en 2014 que la CRDS doit disparaître ?)



Conclusion 1 : les recettes ne sont pas extensibles pour l'Etat.



En période d'élection, combien de nouvelles promesses d'amélioration surgissent de chacun de politiciens ? Seulement voilà, rien n'est gratuit, tout se paye.



Conclusion 2 : tous les hommes politiques ne sont pas désintéressés (non, c'est vrai ?) et en période d'élection, on dépense, et ensuite on a toute la durée du mandat pour réparer jusqu'à la prochaine élection, pour faire amende honorable.



Le véritable problème, c'est que quand un homme politique accède au pouvoir, c'est pour une durée limitée et avec la monstrueuse ardoise qu'on connaît. Si tu entrais dans la vie active à 18 ans avec une dette de 15000 euros à rembourser, comment réagirais-tu, sachant que ton travail n'est pas garanti.



La précarité existe aussi dans la france d'en-haut, même s'il est vrai qu'elle est plus belle.



Conclusion 3 : à l'impossible nul n'est tenu.



Il faut être bien clair sur les termes. Qu'est ce qui croît ? La croissance (mesurée par l'amélioration du PIB, si je me souviens bien) est la croissance des richesses de l'Etat et non pas la croissance de la richesse de chacun des administrés, ni même la croissance du nombre d'emplois.



Sous cette définition, la croissance est la conséquence de l'amélioration du budget et non sa cause, quoi qu'on en dise. Je pense qu'ici on a encore un bel exemple de démagogie : travaillez-bien et nous serons tous contents !



Conclusion générale : si la faillite de l'Etat pouvait être un jour prononcée, je pense qu'elle l'aurait déjà été en 1968, et qu'on serait en anarchie et non pas en République.



Question ouverte : de combien est le budget "costumes des hommes politiques" pris en charge en notes de frais par l'Etat ?
Didier D
2006-07-20 17:30:58 UTC
vas voir le site de la BAMR, c'est en anglais mais ça vaut le coup.

Sais tu que tous les pays du monde sont en déficit. Oui c'est un monde qui marche sur la tête. Sur ce site tu comprendra pourquoi on en est arrivé là.
$€£
2006-07-20 17:09:04 UTC
c'est un peu pareil que si tu veux t'acheter une maison; 2 solution où tu l'achètes cash ou tu l'achètes à crédit.

Si tu l'achètes cash ou t'es riche ( comme un pays producteur de pétrôle ) ou t'attend d'avoir l'argent ( comme un pays pauvres )

Si t'achète à crédit tu l'as tous de suite mais ça te coute le double et ça veut dire aussi que t'es solvable ( comme un pays dévelloppé)

Si tu gagnes plus d'argent tu pourras racheter ton crédit ( croissance économique ou dévalorisation de la monnaie )

En clair c'est pas trop le fait d'emprunter de l'argent qui est dommageable mais plus le fait de le gaspiller, un déficit même programmé peut être valable si l'argent qu'on dépense amène à terme, une richesse supplémentaire.

En france on peut effectivement se demander si le budget est bien employé ...
Dr Ross
2006-07-20 17:01:21 UTC
Le budget de l'etat est une mecanique assez compliqué.

Leurs objectifs est donc de reduire la dette car il ne peuvent faire des coupes sombre car l'etat a besoin de marge de manoeuvre dans leur depenses (reduire le chomage, investissements, repondre a des besoins exeptionnelles, politique sociale... ).

Meme si je suis pas Sarkoziste, il n'a pas tort car le buget s'etablit sur des previsions de croissance, ainsi une croissance superieure peut modifier du tout au tout les recettes de l'etat (pas seulement fiscales, mais aussi il faut pas oublié les revenus financiers, les privatisations, TIPP...)

J'espere que mon avis est le clair possible....
do not disturb
2006-07-20 16:59:21 UTC
J'ai pas tout lu j'ai le cerveau qui fume!!
medecin_87
2006-07-20 16:54:57 UTC
c clair ces opérations de swaps d'intérêts ont pour objectif de réduire la charge de la dette.


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